Le réalisateur tunisien Youssef Chebbi a triomphé ce samedi 4 mars, à Ouagadougou, en remportant la récompense suprême du Fespaco, le plus grand festival du cinéma africain. Le jeune réalisateur né à Tunis en 1984 a remporté l'Étalon d'or de Yennenga pour son film Ashkal. Saluant une « rigueur extrême » et un « travail qui sort de l'ordinaire », la présidente du jury, la Tunisienne Dora Bouchoucha, a précisé que l'Étalon d'or avait été remis à M. Chebbi à l'unanimité.
Dans ce polar qui se déroule dans les Jardins de Carthage à Tunis, un quartier abandonné après la chute du président Ben Ali en 2011, deux policiers mènent une enquête sur de mystérieuses immolations. « C'est une intrigue policière, mais en fait ça parle du peuple tunisien », a expliqué Dora Bouchoucha.
Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en France, Ashkal a également remporté l'Antigone d'or, la plus haute récompense du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (sud-est de la France) en 2022.
Le réalisateur tunisien devance deux femmes, la Burkinabée Apolline Traoré pour Sira, qui reçoit l'Étalon d'argent, et la Kényane Angela Wamai pour Shimoni, récompensée de l'Étalon de bronze. Depuis sa création en 1969, aucune femme n'a remporté la récompense suprême de ce grand festival africain du cinéma. 170 œuvres étaient en lice dans diverses catégories pour cette édition sur le thème « cinémas d'Afrique et culture de la paix ».
L'interprétation masculine et féminine reviennent à l'ensemble des acteurs et actrices de Sous les figues, de la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri.
La Tunisie triomphe donc dans ce festival du cinéma africain, à l'heure où des centaines de ressortissants d'Afrique subsaharienne fuient le pays en raison d'agressions et de manifestations d'hostilité faisant suite à une violente charge du président Kaïs Saïed contre les migrants en situation irrégulière.